3.200 milliards d'euros : la dette publique française sous pression




Le 11 Octobre 2024, par François Lapierre

Alors que la dette publique française atteint désormais 3.200 milliards d’euros, le gouvernement dévoile le budget 2025. Cette situation financière met en lumière la dépendance croissante de l’État vis-à-vis des créanciers étrangers, tout en posant la question de la soutenabilité de cette dette à long terme.


Une dette financée par les marchés internationaux

La dette publique française, qui culmine à 3.200 milliards d’euros, suscite des inquiétudes quant à sa gestion et à son poids croissant sur les finances publiques. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’État ne contracte pas cette dette à travers des emprunts bancaires traditionnels, mais via des obligations émises sur les marchés financiers. Ces titres de dette sont ensuite achetés par une variété d’investisseurs, notamment des fonds de pension et des banques, dont une majorité sont étrangers. En effet, environ 55 % de la dette publique française est détenue par des créanciers internationaux.

Ce contexte rend la France particulièrement dépendante de la confiance des investisseurs étrangers, qui, tant que celle-ci demeure, permettent à l’État de continuer à financer ses déficits budgétaires. Cependant, cette confiance pourrait être mise à rude épreuve si les conditions économiques se dégradaient ou si les coûts d’emprunt, déjà en hausse, continuaient à augmenter. Le service de la dette, c'est-à-dire les intérêts que l’État doit payer chaque année, représente déjà 50 milliards d’euros, une somme qui ne fait que croître au fur et à mesure que la dette augmente.

La Banque Centrale Européenne (BCE) joue également un rôle clé dans la gestion de la dette française. Suite aux différentes crises économiques, notamment celle de la zone euro et la pandémie de Covid-19, la BCE a acheté massivement des obligations d’État pour stabiliser l’économie, ce qui a contribué à soutenir la dette française. À ce jour, elle détient près d’un quart de cette dette, ce qui reflète l'importance de son soutien.

La confiance, pilier fragile de la dette française

Cependant, malgré cet appui, le gouvernement doit faire face à la réalité des finances publiques. Avec une dette représentant 112 % du Produit Intérieur Brut (PIB), la France se trouve à un point de bascule. Si la charge des intérêts continue de s’alourdir, le pays pourrait se retrouver dans une situation similaire à celle de la Grèce lors de la crise de la dette de 2010. Les experts avertissent qu’un endettement excessif, couplé à une hausse des taux d’intérêt, pourrait rapidement devenir incontrôlable.

Le budget 2025 marque un tournant dans la gestion des finances publiques. Afin de maintenir la confiance des créanciers et d’éviter une détérioration de la situation, l'exécutif est contraint d’envisager des mesures de rigueur. Bien que ces options ne soient pas populaires, elles apparaissent de plus en plus nécessaires pour éviter une spirale de surendettement. Le gouvernement souligne néanmoins que l'emprunt reste crucial pour financer les dépenses publiques essentielles, telles que les infrastructures ou les programmes sociaux.

Le maintien de la confiance des marchés internationaux est donc primordial pour la France. Tant que les investisseurs continueront à acheter des obligations d’État françaises, l’économie pourra être financée à des conditions relativement favorables. Mais avec l'augmentation des taux d’intérêt à l’échelle mondiale, cette confiance pourrait s’éroder, rendant l’emprunt plus coûteux.

La dette publique française, bien qu'importante, ne représente pas encore une menace immédiate, mais les signaux d’alerte s’accumulent. La pression est donc forte sur le gouvernement pour trouver un équilibre entre la nécessité de continuer à emprunter pour soutenir l’économie et la maîtrise de la dette à long terme. Les mois à venir seront déterminants pour l'avenir financier du pays.