50 millions d'euros de moins : menace sur le maillage territorial de La Poste




Le 30 Septembre 2024, par Aurélien Delacroix

Le financement de la présence postale territoriale en France va subir une réduction significative. Le PDG de La Poste, Philippe Wahl, a annoncé une coupe budgétaire de 50 millions d’euros, compromettant ainsi le maintien de nombreux points de contact dans les communes rurales. Cette décision suscite de vives inquiétudes parmi les élus locaux et les syndicats, tandis que l’avenir du service public postal est plus incertain que jamais.


Une coupe de 50 millions d'euros pour La Poste en 2024

Lors du congrès de l'Association des maires ruraux de France à Saint-Julien, Philippe Wahl, PDG de La Poste, a confirmé une réduction de 50 millions d'euros sur le contrat de présence postale territoriale pour l'année 2024. Ce contrat, signé entre La Poste, l'État et l'Association des maires de France (AMF) pour la période 2023-2025, vise à maintenir un réseau de 17.000 points de contact (bureaux de poste, agences communales et relais commerçants) à travers le territoire. Initialement financé à hauteur de 177 millions d’euros par an, ce dispositif essentiel assure à 97 % de la population un accès à moins de 20 minutes d’un point postal.

Cette réduction budgétaire, qui intervient dans un contexte de pression financière accrue sur les services publics, soulève de nombreuses inquiétudes. « Si cette coupe est faite en 2024, elle annonce sans doute une coupe en 2025, cela veut dire qu’on ne pourra plus faire fonctionner des agences postales communales », a averti Philippe Wahl. Dans les communes rurales, où La Poste verse une partie du salaire des agents communaux, ces points de contact jouent un rôle vital. Leur fermeture aurait un impact direct sur les services de proximité offerts aux citoyens, notamment dans les zones les plus isolées.

Les syndicats n'ont pas tardé à réagir. La CGT a dénoncé cette coupe budgétaire, affirmant qu'elle « va clairement à l’encontre des intérêts de la population et des postiers ». Le syndicat a également appelé à une grande mobilisation le 1er octobre pour défendre le service public postal. De son côté, Sud-PTT a fustigé une gestion du service public « sous le prisme des profits », tout en demandant un débat national sur l'avenir de La Poste, y compris dans ses missions bancaires, de communication et d'envoi de colis.

Les services de proximité en danger

L'inquiétude ne se limite pas aux syndicats. De nombreux élus locaux, en particulier dans les zones rurales, craignent que cette décision marque le début d'un désengagement progressif de l'État dans le financement de la présence postale. « C’est un vrai drame pour l’avenir de ces points de contact », a souligné Philippe Wahl. Depuis 2008, plus de 2,4 milliards d’euros ont été investis pour adapter et moderniser le réseau postal, notamment dans les zones rurales, de montagne, ou les quartiers prioritaires.

La réduction du financement remet en cause non seulement le maintien des 17.000 points de contact, mais aussi le rôle essentiel de La Poste dans l'aménagement du territoire. Si les bureaux de poste traditionnels ont diminué au fil des ans, ils ont été remplacés par des agences postales communales et des relais postaux dans les commerces, permettant ainsi à La Poste de conserver une présence active sur l'ensemble du territoire.

Toutefois, avec un coût annuel de 330 millions d'euros pour maintenir cette densité de points de contact, les 174 millions d'euros versés par l'État semblent de plus en plus insuffisants. À Bercy, on assure que « les arbitrages définitifs pour le budget 2024 ne sont pas encore rendus », tout en réaffirmant l'attachement au maintien des 17.000 points de contact.