CO2 : les constructeurs automobiles européens demandent des aides à l'Europe




Le 20 Septembre 2024, par Aurélien Delacroix

Face à l’échéance de 2025 qui impose de nouvelles normes de réduction des émissions de CO2, les constructeurs automobiles européens lancent un appel à l'aide auprès des institutions européennes. Entre baisse des ventes de voitures électriques et risque de lourdes sanctions, l’industrie réclame un soutien urgent pour réussir la transition vers une mobilité plus propre.


Les constructeurs automobiles sonnent l’alarme

L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a exprimé, ce jeudi, son inquiétude quant à la capacité de l’industrie à respecter les nouvelles normes d’émissions de CO2 qui entreront en vigueur en 2025. Selon l’ACEA, sans une aide immédiate de l’Union européenne, les constructeurs pourraient faire face à des amendes massives, à des réductions de production, et à des pertes d’emplois significatives. L'association, présidée par Luca de Meo, le patron de Renault, a lancé un appel pour avancer la révision des réglementations, actuellement prévue pour 2026-2027, dès 2025.

Le problème principal réside dans la baisse des ventes de voitures électriques, qui s’érode depuis fin 2023. Ces véhicules ne représentent désormais plus que 12,6 % des ventes de voitures neuves en Europe, contre 13,6 % un an plus tôt. Une situation qui complique le respect des exigences de la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), laquelle impose aux constructeurs une moyenne annuelle d’émissions par véhicule vendu, sous peine de lourdes pénalités financières.

« Nous jouons notre rôle dans la transition », affirment les constructeurs, tout en pointant du doigt les nombreuses difficultés qui entravent la généralisation des véhicules zéro émission. Parmi celles-ci : l'insuffisance des infrastructures de recharge, le coût encore élevé de l’énergie verte, et un approvisionnement instable en matières premières essentielles comme les batteries et l’hydrogène.

Vers un rebond des ventes électriques ?

L’ACEA met en garde contre une « perspective décourageante » où les constructeurs seraient contraints de payer jusqu’à 13 milliards d’euros d’amendes. Des fonds qui, selon eux, pourraient être investis dans la transition vers la neutralité carbone plutôt que dans des pénalités. Une autre option serait de réduire la production de véhicules thermiques de plus de deux millions d’unités, ce qui équivaut à la fermeture de huit usines en Europe.

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a cependant pris ses distances avec ses concurrents en affirmant que l'industrie automobile avait eu suffisamment de temps pour se préparer aux nouvelles règles. « Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer », a-t-il déclaré.

En réponse, l'ACEA a évoqué, dans une note informelle non confirmée, l’idée d’activer une procédure d’urgence pour repousser de deux ans la mise en œuvre des normes renforcées. Les constructeurs européens pourraient également envisager d’acheter des crédits d'émissions auprès de fabricants moins polluants, une solution qui bénéficierait à leurs concurrents non-européens.

Si l'industrie est actuellement sous pression, certains experts estiment qu’un rebond des ventes de véhicules électriques pourrait avoir lieu d’ici 2025. Une étude de Transport & Environment prévoit que les motorisations électriques pourraient représenter entre 20 % et 24 % des ventes de voitures neuves d’ici cette échéance. Toutefois, ce scénario dépendra de plusieurs facteurs : la mise en place de mesures incitatives, l’amélioration des infrastructures de recharge, et la perception des consommateurs en matière d’autonomie des véhicules.