Émissions de CO2 : le FMI propose une taxe sur le minage de cryptomonnaies




Le 21 Aout 2024, par François Lapierre

Face à l'augmentation prévue des émissions de dioxyde de carbone liées au minage de cryptomonnaies, le Fonds monétaire international (FMI) a récemment suggéré l'instauration d'une taxe ciblée. Cette mesure pourrait non seulement limiter l'impact environnemental de cette activité, mais aussi générer des recettes fiscales substantielles.


Le minage de cryptomonnaies sous surveillance

Le minage de bitcoins, une activité cruciale pour la validation des transactions sur les réseaux de cryptomonnaies, pourrait bientôt faire l'objet d'une taxation spécifique. Le Fonds monétaire international (FMI) a publié, le 15 août dernier, une analyse sur son blog, mettant en avant l'urgence d'encadrer les émissions de CO2 liées à cette industrie. Selon l'organisation, les émissions mondiales de dioxyde de carbone provenant du minage de cryptomonnaies pourraient atteindre 0,7 % d'ici 2027, soit un niveau de pollution comparable à celui d'un pays de taille moyenne.

Le rapport du FMI souligne que le minage et les centres de données, qui alimentent également l'intelligence artificielle, devraient consommer 3,5 % de la demande mondiale d'électricité d'ici 2027, une proportion équivalente à la consommation actuelle du Japon, le cinquième plus grand consommateur d'électricité au monde. Cette croissance rapide suscite des inquiétudes quant à l'impact environnemental et la durabilité de ces technologies.

Pour répondre à cette situation, le FMI propose une taxation directe sur l'électricité utilisée par les mineurs de cryptomonnaies. Une taxe de 0,047 $ par kilowattheure pourrait, selon les estimations, inciter les acteurs de l'industrie à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Si l'on prend également en compte les effets de la pollution atmosphérique sur la santé publique, ce taux pourrait grimper à 0,089 $, entraînant une hausse significative des coûts pour les mineurs.

L'instauration d'une taxe sur le minage de cryptomonnaies pourrait avoir des effets bénéfiques à plusieurs niveaux. En plus de réduire les émissions de CO2 d'environ 100 millions de tonnes par an, soit l'équivalent des émissions actuelles de la Belgique, cette mesure pourrait générer 5,2 milliards de dollars de recettes fiscales annuelles à l'échelle mondiale. Ces fonds pourraient être réinvestis dans des initiatives écologiques ou des projets visant à améliorer l'efficacité énergétique des infrastructures numériques.

Les retombées économiques et environnementales d'une taxe Bitcoin

Néanmoins, la proposition du FMI ne fait pas l'unanimité. Certains experts soulignent que les mineurs de bitcoins se tournent déjà vers des sources d'énergie plus durables, avec un mix énergétique « vert » atteignant 59,9 % selon le dernier rapport du Bitcoin Mining Council. De plus, une taxe trop élevée pourrait pousser ces entreprises à déplacer leurs activités vers des juridictions moins strictes en matière de régulation environnementale, ce qui compliquerait la mise en œuvre d'une politique mondiale cohérente.

La question de la taxation des centres de données, également évoquée par le FMI, est un autre point crucial. Bien que ces infrastructures soient moins polluantes que le minage de cryptomonnaies, leur taxation pourrait rapporter jusqu'à 18 milliards de dollars par an. Toutefois, le FMI avertit que de nombreuses installations bénéficient actuellement de larges exonérations fiscales, ce qui pourrait contrecarrer les efforts visant à limiter leur impact environnemental.

À mesure que le monde s'efforce de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, l'adoption de mesures incitatives, telles que des crédits pour l'énergie renouvelable et des accords d'achat d'énergie sans émissions, devient urgente. Le FMI insiste sur la nécessité d'une coordination internationale pour éviter que des régulations inégales n'encouragent les entreprises à migrer vers des régions moins réglementées. En fin de compte, la taxation ciblée proposée pourrait être un levier puissant pour réduire les émissions tout en générant des ressources pour financer la transition énergétique.