Immobilier : les maisons de campagne en perte de vitesse




Le 3 Juin 2024, par François Lapierre

Le marché immobilier des maisons de campagne connaît une baisse significative, tant en termes de volume de transactions que de prix. Cette situation est largement attribuée à la montée des taux d'intérêt et aux conditions d'accès au crédit, qui se sont considérablement durcies.


Recul marqué des transactions sur les maisons de campagne

L'engouement pour les maisons de campagne, suscité par la pandémie de Covid-19, semble s'être évanoui. D'après le dernier rapport de la Fédération nationale des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (FNSafer), les transactions pour ces biens ont chuté de 24,2% en 2023 par rapport à l'année précédente, marquant un véritable décrochage après le début du repli observé en 2022. 

Ce phénomène n'est pas limité à une région spécifique mais s'étend sur l'ensemble du territoire national. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Normandie ont enregistré les baisses les plus significatives, avec respectivement -30,6%, -31% et -21,1% de transactions.

Les raisons de ce recul sont principalement liées à la flambée des taux d'intérêt des prêts immobiliers, qui ont quadruplé entre décembre 2021 et 2023. Cette augmentation a sérieusement affecté la capacité des acheteurs potentiels à financer leur projet immobilier. En moyenne, les taux de crédit pour un prêt sur 20 ans ont atteint environ 4%, rendant l'achat de maisons de campagne de plus en plus inaccessible pour de nombreux ménages.

En parallèle de la chute des transactions, les prix des maisons de campagne ont également diminué. Après six années consécutives de hausse, une baisse de 4,3% a été enregistrée en 2023. Bien que le prix moyen d'une maison de campagne reste supérieur à 200.000 €, cette diminution représente un changement notable dans le marché. Les propriétaires sont souvent contraints de revoir leurs attentes à la baisse faute de trouver des acquéreurs solvables.

Évolution complexe du marché immobilier rural

Cependant, la variation des prix n'est pas uniforme à travers la France. Certaines régions ont connu des baisses drastiques, comme la Marne (-24,4%), la Côte-d'Or (-24%) et le Doubs (-23,7%). À l'inverse, d'autres départements ont vu leurs prix augmenter, notamment en Haute-Savoie (+14,4%), en Seine-et-Marne (+14,1%), en Essonne (+22,2%) et dans les Yvelines (+42,5%). Ces disparités illustrent une dynamique du marché immobilier rural très variable selon les zones géographiques.

La crise actuelle dans le secteur des maisons de campagne met en lumière les défis auxquels sont confrontés les acheteurs et les vendeurs. La remontée des taux d'intérêt et les conditions plus strictes d'accès au crédit ont créé un environnement où la demande ne parvient plus à soutenir les prix élevés atteints au cours des dernières années. En conséquence, de nombreux propriétaires sont obligés de baisser leurs prix pour attirer les acheteurs, ce qui accentue la tendance à la baisse des valeurs immobilières dans les zones rurales.

Les perspectives pour 2024 demeurent incertaines. La possibilité d'une stabilisation du marché dépend en grande partie de l'évolution des conditions économiques et financières. Si les taux d'intérêt se maintiennent à des niveaux élevés, il est probable que la dynamique actuelle de baisse des transactions et des prix se poursuive. Toutefois, une amélioration des conditions de crédit pourrait potentiellement inverser cette tendance.