Intel freine ses projets en Europe




Le 18 Septembre 2024, par Aurélien Delacroix

Le géant américain des semi-conducteurs Intel a annoncé un report de deux ans dans la construction de ses usines en Allemagne et en Pologne. Un coup dur pour les deux pays européens, qui comptaient sur ces projets pour stimuler leurs économies. Intel justifie cette décision par des prévisions de demande plus faibles, tout en maintenant ses investissements massifs aux États-Unis, soutenus par des subventions fédérales.


Les retards d'Intel en Europe

Intel a annoncé le report de la construction de ses deux usines phares en Europe, l’une située à Magdebourg en Allemagne et l’autre à Wrocław en Pologne. Ces deux projets, représentant un investissement total de près de 35 milliards de dollars, devaient initialement démarrer cette année. Toutefois, la société américaine a précisé que les chantiers seraient retardés d'environ deux ans.

L'Allemagne, particulièrement touchée par cette décision, avait promis environ 10 milliards d’euros de subventions pour attirer Intel à Magdebourg. Ce soutien représentait un tiers du coût total du projet. Pour le gouvernement allemand, ce report est perçu comme une déception majeure. Christian Lindner, ministre allemand des Finances, a réagi vivement sur le réseau X (anciennement Twitter) : « Les fonds dont Intel n’a pas besoin doivent être réservés au traitement des problèmes financiers du budget fédéral. Toute autre option ne relèverait pas d'une politique responsable. »

Du côté polonais, l'usine prévue à Wrocław devait créer 2.000 emplois directs. Bien que le projet ne soit pas annulé, le report constitue un revers pour le pays. Intel explique ces retards par des « prévisions de demande gelées » dans le secteur des semi-conducteurs, sans donner plus de détails.

Alors que les projets européens sont mis en pause, Intel maintient une dynamique forte sur le sol américain. La firme a bénéficié de 20 milliards de dollars de subventions de la part du gouvernement fédéral américain, visant à relocaliser la production de semi-conducteurs sur le territoire national. Intel prévoit ainsi la construction de nouvelles usines dans plusieurs États, notamment en Arizona, dans l’Ohio, au Nouveau-Mexique et en Oregon, un plan qui pourrait générer jusqu’à 30.000 emplois.

Intel face à ses propres défis

L’entreprise investira également 100 milliards de dollars dans ce projet d'envergure aux États-Unis. Ces investissements colossaux s’inscrivent dans une stratégie visant à rattraper le retard d’Intel sur ses concurrents, en particulier sur le marché des puces destinées à l’intelligence artificielle. Contrairement à des entreprises comme Nvidia, Intel conçoit et produit ses propres puces, ce qui le place dans une position unique dans cette industrie.

Bien que ses projets américains avancent, Intel continue de traverser une période difficile. Sous la direction de Pat Gelsinger, qui a pris les rênes de l’entreprise en 2021, la firme tente de se repositionner sur le marché. La division fonderie, qui produit des semi-conducteurs pour d’autres entreprises, a récemment enregistré plusieurs milliards de dollars de pertes. Pour répondre à ces défis, Intel a décidé de faire de cette activité une filiale indépendante. Cette initiative permettrait à terme d'attirer de nouveaux investisseurs et de renforcer cette branche de production, qui est cruciale pour l'avenir de l'entreprise.

Malgré ces difficultés, Intel ne renonce pas à ses ambitions industrielles. En témoignent les récents partenariats signés avec Amazon Web Services (AWS) et le ministère américain de la Défense. Ce dernier contrat, portant sur des puces ultra-sécurisées, pourrait rapporter à Intel jusqu’à 3 milliards de dollars.

Toutefois, les problèmes internes ne sont pas à sous-estimer. Cet été, Intel a annoncé une réduction de 15 % de ses effectifs, soit environ 18.000 licenciements, afin de réduire ses dépenses de 10 milliards de dollars. La société espère ainsi s’adapter aux nouveaux défis du marché et améliorer sa compétitivité à long terme.