La Banque de France plaide pour une hausse des impôts ciblée




Le 19 Septembre 2024, par Aurélien Delacroix

Le gouverneur de la Banque de France, appelle à des mesures fiscales pour résorber la dette publique de la France. Il propose une hausse d'impôts ciblée sur les grandes entreprises et les contribuables fortunés, tout en épargnant les classes moyennes et les PME. Une proposition qui intervient dans un climat d’incertitude économique marqué par la montée des déficits et une croissance légèrement revue à la hausse.


Croissance révisée et alerte sur le déficit public

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a partagé ses recommandations pour faire face à l'endettement croissant de la France dans un entretien accordé au Parisien. Alors que la croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2024 a été révisée à la hausse, passant de 0,8 % à 1,1 %, l'économie française reste menacée par le risque de déficits persistants. Le gouverneur a ainsi exprimé ses préoccupations quant à la trajectoire actuelle, et a insisté sur l'importance de fixer un « cap crédible » pour réduire la dette publique.

En 2024, le déficit public de la France devrait dépasser à nouveau les 5 % du PIB, bien au-delà des limites fixées par les normes européennes, notamment le traité de Maastricht. Pour répondre à cette situation, François Villeroy de Galhau estime qu'il est « irréaliste » de ramener le déficit sous la barre des 3 % d'ici 2027, comme le prévoyait le gouvernement sortant. Selon lui, un délai de cinq ans serait plus adapté pour atteindre cet objectif sans compromettre la croissance économique.

Afin de combler le fossé des finances publiques, le gouverneur de la Banque de France recommande de trouver 100 milliards d’euros d’ici à 2029. Pour ce faire, il prône des efforts tant au niveau national qu’au niveau local, notamment en matière de réduction des dépenses. Toutefois, Villeroy de Galhau appelle également à lever le « tabou » des hausses d’impôts, une position qui marque un tournant dans le débat fiscal français.

Un redressement qui s'annonce difficile

Il propose une approche nuancée : « sans toucher aux classes moyennes et aux PME », il envisage des contributions supplémentaires de la part des grandes entreprises et des contribuables les plus fortunés. Cette augmentation serait temporaire et se limiterait aux acteurs économiques ayant les capacités d'y répondre. Le gouverneur n’est pas le seul à envisager une telle option. Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre, s’est montré ouvert à l’idée de surtaxer certaines entreprises pour compenser le déficit budgétaire.

François Villeroy de Galhau a aussi abordé l’évolution de l’inflation, qui, après être repassée sous la barre des 2 % en août, pourrait connaître un léger rebond en 2026. Néanmoins, il a rassuré sur le pouvoir d’achat des Français, affirmant que « les salaires augmentent désormais plus rapidement que les prix ». Il a également souligné les risques d’incertitude politique, lesquels ont un impact direct sur les comportements d’épargne et d’investissement, en particulier parmi les petites et moyennes entreprises.

Selon une enquête de Bpifrance, plus de 51 % des dirigeants de PME/TPE estiment que l'instabilité politique actuelle affecte négativement leur activité, certains reportant ou annulant même des projets d'investissement.

La feuille de route esquissée par François Villeroy de Galhau pour réduire le déficit public repose donc sur deux piliers : la modération des dépenses publiques et un ajustement fiscal temporaire. Toutefois, le climat d’incertitude qui plane sur l’économie française, en partie lié aux décisions politiques à venir, reste un facteur de risque majeur pour la relance économique. L’effort collectif qu'il appelle de ses vœux vise à remettre la France sur une trajectoire budgétaire plus saine, tout en soutenant une croissance économique durable.