La croissance française fait mieux que prévu




Le 2 Mai 2024, par Aurélien Delacroix

Contrairement aux attentes, la croissance française au premier trimestre 2024 s'avère meilleure que prévue, principalement portée par la consommation des ménages et un rebond inattendu de l'investissement. Cette tendance positive permet au gouvernement de maintenir son objectif annuel, malgré des défis persistants.


La consommation et l'investissement en soutien de la croissance

Au premier trimestre 2024, la France a enregistré une croissance de 0,2% selon l'Insee, surpassant les prévisions initiales qui tablaient sur une stagnation. Cette performance est principalement attribuée à la consommation des ménages et à l'investissement des entreprises. « À tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt : les faits sont têtus. La croissance française progresse », a affirmé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, soulignant la solidité retrouvée de l'économie française.

La consommation des ménages a progressé de 0,4%, bénéficiant notamment d'une revalorisation des prestations sociales et d'une amélioration du pouvoir d'achat liée à un ralentissement de l'inflation. Jean-François Robin, directeur de la recherche chez Natixis, note une baisse de l'inflation à 2,2% en avril, favorisée par la décélération des prix alimentaires. « Nous pensons que cette tendance va continuer sur l'année », précise-t-il.

Contrairement aux anticipations, l'investissement des entreprises a également connu un rebond significatif. Après un dernier trimestre 2023 en recul, il s'établit à 0,3% au premier trimestre 2024. Ce renouveau de l'investissement semble contredire les craintes d'une baisse de la demande et d'une trésorerie affaiblie chez les entreprises.

Des défis budgétaires et une croissance fragile

Les principaux partenaires commerciaux de l'Europe, notamment l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, montrent également des signes de reprise, contribuant à un climat économique plus favorable. Cependant, l'investissement des ménages reste un point d'inquiétude, affecté par une augmentation des taux d'intérêt qui pèse sur le coût du crédit.

Malgré ces bons résultats, le chemin vers la réalisation de l'objectif de croissance annuelle de 1% reste semé d'embûches. Les économistes soulignent que la performance économique future dépendra largement de la capacité des consommateurs à continuer de dépenser et de l'évolution de l'investissement. « L'année dernière, tout le monde rigolait quand Bercy tablait sur 1%, et finalement il a été le meilleur prévisionniste », rappelle Jean-François Robin.

Pour maintenir le cap, l'exécutif doit également gérer prudemment son déficit public, qui a dérapé à 5,5% du PIB en 2023, bien au-dessus des prévisions de 4,9%. En 2024, le gouvernement cherche à ramener ce chiffre à 5,1% du PIB, avec un objectif encore plus ambitieux de 3% d'ici 2027. Cela implique des coupes significatives dans les dépenses publiques, qui pourraient, à leur tour, impacter la croissance économique.