Le poids très lourd des missions de service public pour La Poste




Le 31 Mai 2024, par François Lapierre

La Poste, acteur incontournable du service public, se trouve aujourd'hui au centre d'une réflexion sur le poids de ses missions et la nécessité de réajuster ses financements. Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), a tiré la sonnette d'alarme devant la Commission des affaires économiques du Sénat.


Le fardeau financier croissant de La Poste

Les quatre missions de service public de La Poste, à savoir le service universel postal, la contribution à l'aménagement du territoire, le transport et la distribution de la presse, ainsi que l'accessibilité bancaire, sont intégralement financées par le budget de l'État. Cependant, pour Éric Lombard, cette situation n'est plus tenable. « Le sac à dos devient trop lourd », a-t-il répété, mettant en lumière le poids croissant de ces missions sur les finances de La Poste et, par extension, sur celles de la CDC.

Le dirigeant de la CDC a évoqué deux pistes pour alléger ce fardeau : soit l'État augmente les financements alloués à ces missions, soit les coûts de ces missions sont diminués. Cette réflexion, bien que nécessaire, soulève des questions quant à la pérennité et la qualité des services publics assurés par La Poste. Éric Lombard a notamment insisté sur la mission d'aménagement du territoire, qui reste cruciale, mais qui doit être réévaluée en concertation avec les pouvoirs publics et le Parlement.

La situation financière de La Poste est alarmante. La CDC a enregistré un bénéfice net de 3,9 milliards d'euros en 2023, en baisse de 7 %, impactée par la crise de l'immobilier et les difficultés financières de La Poste. Le résultat de cette dernière a été divisé par deux, en grande partie en raison des déficits liés aux missions de service public.

Trouver un nouvel équilibre

En 2024, ces défis persistent. La crise immobilière n'est pas résolue et les déficits des missions de service public de La Poste continuent de peser lourdement sur ses finances. Malgré des résultats positifs dans d'autres activités, la situation globale reste préoccupante. Le niveau d'endettement de La Poste devient un sujet de préoccupation majeur. Éric Lombard a rappelé que sans les 3,7 milliards d'euros de déficits accumulés, la situation financière de La Poste serait radicalement différente. « Imaginez La Poste avec 3,7 milliards d'euros d'aides en moins. Ça change beaucoup l'exploitation », a-t-il déclaré.

Le débat sur l'avenir des missions de service public de La Poste est ouvert. Pour Éric Lombard, il est impératif d'engager une discussion avec les pouvoirs publics pour redéfinir ces missions et leurs financements. L'objectif est de trouver un équilibre entre la continuité des services publics et la viabilité financière de La Poste.

Le défi est de taille : garantir l'accès aux services essentiels tout en assurant la stabilité financière de La Poste. Cette réflexion pourrait conduire à une réforme législative, une « loi postale » qui redéfinirait le cadre des missions de service public et des compensations associées. Pour Éric Lombard, cette réévaluation est indispensable pour assurer un avenir serein à La Poste, acteur clé du service public en France.