Les Français n'ont jamais autant mangé d'œufs




Le 21 Juin 2024, par La rédaction

Avec une consommation record de 224 œufs par an et par habitant l'an dernier, les Français affichent un appétit croissant pour ce produit. Toutefois, cette popularité met à rude épreuve la capacité de production nationale, exacerbée par les effets de la grippe aviaire. La filière cherche des solutions pour garantir l'autonomie en œufs d'ici 2030.


Une consommation d'œufs en hausse malgré l'inflation

La consommation d'œufs en France a atteint un niveau inédit en 2023, avec 224 œufs consommés par an et par habitant, rapporte Les Echos. Selon Alice Richard, directrice de l’Interprofession (CNPO), ce chiffre représente une augmentation de 24 œufs par personne par rapport à 2013. La tendance s'est encore accélérée en 2024, les achats à domicile ayant progressé de 5,2 % entre janvier et avril.

Les œufs issus de poules élevées au sol et en plein air, ainsi que les œufs bio, sont particulièrement prisés, ils représentent 78,6 % des ventes en 2023 contre 74,3 % en 2022. Ce succès s'explique notamment par des prix attractifs. Malgré une inflation marquée, les œufs demeurent la protéine animale la moins chère. Les prix ont même légèrement baissé depuis le début de l'année : -0,3 % pour les œufs en général et -1,5 % pour les œufs de plein air.

Cette situation est en partie due à la loi Egalim, qui oblige les éleveurs à ajuster leurs prix en fonction des coûts de production. Yves-Marie Beaudet, éleveur et président du CNPO, prévoit une nouvelle réduction des prix, corrélée à la baisse du coût de l'alimentation animale depuis juin 2023.

Un défi pour les éleveurs face à la grippe aviaire

Cependant, cette popularité croissante des œufs pose des défis considérables aux éleveurs. La production peine à suivre la demande. En 2023, la production d'œufs a progressé de 4 %, atteignant 14,9 milliards d'œufs, permettant à la France de retrouver sa première place en Europe devant l'Espagne et l'Allemagne. Toutefois, ce niveau de production reste inférieur à celui de 2021, en raison des impacts persistants de la grippe aviaire.

La grippe aviaire continue de décimer les élevages, notamment en Bretagne, créant un déficit d'environ un million de poules pondeuses nécessaires pour répondre à la demande actuelle. Cette situation accroît le risque d'une augmentation des importations, notamment en provenance d'Ukraine.

Pour remédier à cette situation, la CNPO a lancé un plan ambitieux à horizon 2030 visant à garantir l'autonomie de la France en œufs. Ce plan prévoit la construction de 300 nouveaux poulaillers, un investissement de 300 millions d'euros. La filière souhaite également améliorer le bilan carbone de la production d'œufs en favorisant la recherche sur l'alimentation des poules, responsable des trois quarts des émissions de la filière.

Par ailleurs, la CNPO appelle à l'extension de la loi Egalim à la restauration hors domicile, qui représente 18 % du marché. Selon Loïc Coulombel, vice-président de l'interprofession, il est crucial d'instituer des mécanismes de contractualisation et de révision automatique des prix dans ce secteur pour stabiliser la filière.