Les permis de construire en chute libre




Le 20 Aout 2024, par François Lapierre

La chute des permis de construire en France atteint des niveaux alarmants, reflétant une crise profonde dans le secteur de l'immobilier. Avec une baisse drastique des autorisations et des mises en chantier, les conséquences se répercutent sur l'ensemble de la chaîne de l'industrie, menaçant des milliers d'emplois.


Une baisse continue des permis de construire

Le secteur de la construction traverse une période particulièrement difficile, marquée par une baisse continue des permis de construire. En 2023, le nombre d'autorisations s'est établi à 373.100, soit une diminution de 23,7 % par rapport à 2022. Cette tendance se poursuit en 2024, avec une nouvelle baisse de 15,3 % enregistrée à la fin juin. 

Selon les données fournies par le Service de la donnée et des études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique, seulement 347.900 logements ont été autorisés à la construction, soit 62.900 de moins que l'année précédente. Cette chute concerne tous les types de logements, avec une baisse particulièrement marquée pour les maisons individuelles (-24,4 %) et les logements collectifs (-15,4 %). Les logements résidentiels dédiés aux étudiants et aux séniors ne sont pas épargnés, enregistrant une diminution de 6,6 %.

La situation est complexe pour les maires, principaux acteurs dans la délivrance des permis de construire. D'un côté, les pouvoirs publics les incitent à accélérer la délivrance de ces autorisations pour répondre à la crise du logement. De l'autre, des législations telles que la loi Climat et Résilience imposent des restrictions pour limiter l'étalement urbain et préserver les terres agricoles.

Les maires sous pression face à des injonctions contradictoires

Ces injonctions contradictoires, combinées à la pression des administrés et à l'instauration de normes environnementales de plus en plus strictes, ont conduit à un ralentissement significatif des permis délivrés. Cette situation varie toutefois d'une région à l'autre. Par exemple, la Bretagne et les Hauts-de-France connaissent une baisse plus modérée des autorisations (respectivement -8 % et -4,4 %), tandis que des régions comme Provence-Alpes-Côte d'Azur et Centre-Val de Loire subissent des baisses drastiques, atteignant respectivement -26,6 % et -27 %.

La baisse des permis de construire entraîne logiquement une diminution des mises en chantier. Entre juillet 2023 et juin 2024, seules 272.800 nouvelles constructions ont été entreprises, soit une chute historique de 21,8 %. Ce recul s'explique également par l'augmentation des coûts des matériaux de construction et le renforcement des normes environnementales, qui compliquent la réalisation de nouveaux projets.

Cette situation ne reste pas sans conséquence pour l'ensemble de la chaîne de l'immobilier. Les promoteurs, constructeurs, agents immobiliers, notaires, et autres acteurs du secteur sont directement impactés par cette crise. Comme le relève Boursorama, la Fédération française du bâtiment tire déjà la sonnette d'alarme en annonçant la suppression potentielle de 90.000 emplois d'ici la fin de l'année.