Les restaurateurs inquiets de la pérennisation des titres-restaurant dans la grande distribution




Le 11 Octobre 2024, par La rédaction

Depuis 2022, les titres-restaurant permettent l’achat de produits non directement consommables dans les supermarchés, une mesure prolongée en 2024. Alors que le gouvernement pourrait envisager une extension pour 2025, les restaurateurs, menés par Thierry Marx, dénoncent une concurrence déloyale qui pourrait affaiblir leur secteur.


Les restaurateurs dénoncent une concurrence déséquilibrée

Les restaurateurs se mobilisent contre la possibilité d'une nouvelle extension de l'utilisation des titres-restaurant dans les supermarchés au-delà de 2024. En vigueur depuis 2022, ce dispositif permet aux détenteurs de ces titres de faire des achats de produits non directement consommables tels que de la farine, des pâtes ou de la viande dans les grandes surfaces. La prolongation de cette mesure, décidée par le gouvernement dans un contexte de baisse du pouvoir d'achat, devait initialement prendre fin en décembre 2024. Cependant, des informations récentes laissent entendre que cette possibilité pourrait se prolonger jusqu'en 2025, voire devenir définitive.

Ce projet inquiète fortement les restaurateurs, représentés par Thierry Marx, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Lors d’une conférence de presse tenue le 9 octobre, ce dernier a exprimé son opposition ferme à cette mesure, estimant qu'elle transfère des centaines de millions d’euros vers la grande distribution, au détriment des professionnels de la restauration. « Nous laissons 600 millions d'euros aller vers la grande distribution qui n'a pas besoin de notre travail pour faire des marges », a-t-il dénoncé.

La crainte majeure des restaurateurs est une déstabilisation de leur marché, déjà fragilisé par les crises économiques successives. Selon les estimations des professionnels du secteur, la part de marché des grandes surfaces a augmenté de 8,4 points depuis la mise en place de l'extension des titres-restaurant, tandis que celle des restaurateurs a reculé de 6,4 points. Cela pourrait provoquer la fermeture de nombreux établissements, remplacés par des pratiques plus industrialisées au détriment du fait-maison.

Des propositions pour maintenir l’essence des titres-restaurant

Edenred, le principal émetteur des titres-restaurant, a également pris position contre une pérennisation totale de cette mesure. Le groupe rappelle que les titres-restaurant ont vocation à favoriser une bonne alimentation durant la journée de travail et qu’ils doivent rester liés au secteur de la restauration. Afin de trouver un compromis, Edenred propose un double plafond d’utilisation : 30 euros dans les restaurants et 25 euros dans les grandes surfaces alimentaires, afin de mieux encadrer cette pratique.

En parallèle, les restaurateurs, notamment réunis au sein de l’Umih et du Groupement des hôtelleries et restaurants (GHR), appellent à la création d’un « titre d’alimentation durable » qui viendrait coexister avec le titre-restaurant actuel. Ce nouveau dispositif permettrait de répondre aux besoins des consommateurs tout en préservant l’intégrité du secteur de la restauration.

Pour Thierry Marx, l’enjeu est aussi celui de la qualité des produits proposés dans les restaurants. Il milite activement pour l’adoption d’une loi-cadre sur le fait-maison, qui permettrait de valoriser davantage les plats cuisinés sur place et d’éviter la standardisation de la cuisine. Une précédente proposition de loi visant à signaler les plats non faits maison avait été retirée, mais Thierry Marx et ses alliés comptent relancer le débat à l'Assemblée nationale.