Michelin contraint de ralentir sa production en France face à la crise automobile




Le 10 Octobre 2024, par Aurélien Delacroix

Le fabricant de pneus Michelin annonce des arrêts temporaires de production sur plusieurs sites en France, en raison du ralentissement global de l'économie, particulièrement dans le secteur automobile. Ces mesures s'accompagnent de la mise en place de chômage partiel pour les salariés concernés. Une situation inédite pour certaines usines, qui interroge les syndicats et relance les inquiétudes sur l'avenir de l'industrie pneumatique en France.


Les fermetures temporaires d'usines Michelin se multiplient

Le groupe Michelin, symbole de l'industrie française, traverse une période difficile. Face à la chute des ventes de véhicules dans le monde — avec un recul estimé entre 20 et 25 % par rapport à l'année précédente — le fabricant se voit contraint d'adapter sa production. « Nous sommes obligés d’ajuster notre activité aux conditions économiques actuelles », a déclaré Florent Menegaux, PDG de Michelin.

Cette baisse de la demande touche particulièrement les sites de production en France. Parmi les premières usines concernées, celle des Gravanches, située à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), spécialisée dans la production de pneus ultra-haute performance pour voitures haut de gamme. Un arrêt de production de deux semaines est prévu, une première historique pour ce site. De son côté, l'atelier Z35 de Cataroux, également à Clermont-Ferrand, cessera ses activités temporairement, tout comme l'usine de Blavozy (Haute-Loire), spécialisée dans les pneus pour le génie civil.

D’autres arrêts sont annoncés avant la fin de l’année sur les sites de Troyes (pneus agricoles) et du Puy-en-Velay (génie civil), où les salariés seront placés en chômage partiel pendant trois semaines. « Ce ralentissement est lié à des baisses de commandes structurelles », a précisé un porte-parole de l’entreprise, confirmant l’ampleur de la situation.

Des syndicats inquiets pour l’avenir

Ces décisions, si elles sont présentées comme temporaires par la direction de Michelin, soulèvent de nombreuses interrogations chez les syndicats. Sud, la CGT et la CFE-CGC ont déjà émis un droit d’alerte économique dès juin 2024, signalant une baisse de 60 % de la production sur plusieurs sites français. Laurent Bador, délégué CFDT, observe que l'ensemble des sites français « subit de plein fouet une crise mondiale de l’industrie ». Le groupe a d’ailleurs déjà procédé à la fermeture de plusieurs sites européens l’année dernière, entraînant la suppression de 3.000 postes.

À l'heure actuelle, une étude menée par le cabinet d'expertise Secafi, mandaté par les syndicats, était attendue pour le 9 octobre. Ses conclusions devraient permettre d'évaluer l’impact à long terme de ces fermetures temporaires et de proposer des pistes pour faire face à cette situation.

Les syndicats redoutent que ces fermetures temporaires n’annoncent de nouvelles réductions d’effectifs dans un avenir proche, malgré les assurances de la direction. En 2021, Michelin avait déjà lancé un plan de suppression de postes en France, bien que ceux-ci aient été effectués sans départs contraints. Toutefois, avec la fermeture récente des usines de La Roche-sur-Yon et de Bamberg, la crainte de nouvelles vagues de licenciements pèse désormais sur les salariés des sites français restants.

Florent Menegaux, tout en reconnaissant la gravité de la situation, a tenu à rassurer en distinguant les facteurs conjoncturels et structurels. « Nous ne fermons jamais un site pour des raisons conjoncturelles », a-t-il affirmé. La direction de Michelin travaille actuellement avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions aux baisses d’activité sur certains sites.