Patrick Drahi cède ses parts dans BT pour réduire la dette colossale d'Altice




Le 14 Aout 2024, par Aurélien Delacroix

Sous la pression de ses créanciers, Patrick Drahi, fondateur et dirigeant d'Altice, a vendu les parts qu’il détenait dans l’opérateur britannique BT au groupe indien Bharti. Cette vente, estimée à 3,72 milliards d’euros, s’inscrit dans une série de cessions récentes visant à alléger la dette massive du groupe, qui s’élève à 60 milliards d’euros au niveau mondial.


Une vente stratégique pour désendetter Altice

Patrick Drahi continue de manœuvrer pour alléger la lourde dette qui pèse sur Altice, le groupe de télécoms et de médias qu’il a fondé. La dernière étape en date est la vente de 24,5 % des parts qu’il détenait dans l’opérateur britannique BT. L’acheteur, le groupe indien Bharti, a déboursé environ 3,72 milliards d’euros pour cette acquisition. Cette transaction représente une perte sèche d’environ 1,2 milliard d’euros pour Drahi, un sacrifice nécessaire pour tenter de rassurer ses créanciers.

Avec une dette globale de 60 milliards d’euros, dont 24 milliards rien qu’en France, le groupe Altice est sous une pression intense. Les échéances des remboursements, bien qu’encore éloignées, inquiètent. En 2025 et 2026, le groupe devra rembourser respectivement 1,65 milliard et 1,33 milliard d’euros. Mais c’est surtout en 2027, avec 5,49 milliards d’euros à rembourser, puis 9,4 milliards en 2028 et 6,3 milliards en 2029, que la situation deviendra critique.

Une série de cessions pour respirer, mais des doutes subsistent

Depuis le début de l’année, Patrick Drahi a multiplié les cessions pour tenter de réduire la dette colossale d'Altice. La vente de ses parts dans BT s’ajoute ainsi à d’autres transactions récentes. En juin, Drahi a vendu Altice Média, propriétaire de RMC et BFM TV, à Rodolphe Saadé pour 1,55 milliard d’euros. Plus récemment, il a cédé Teads, une plateforme de vidéo publicitaire, à l’israélien Outbrain pour 1 milliard de dollars. De plus, la maison d’enchères Sotheby’s, qu’il contrôle, a ouvert son capital au fonds souverain d’Abu Dhabi, qui est devenu actionnaire minoritaire pour une somme similaire.

Cependant, la question reste de savoir si les fonds récupérés seront effectivement utilisés pour réduire la dette. Par le passé, Drahi a placé certaines de ses acquisitions dans des holdings séparées, mettant ainsi ces actifs hors de portée de ses créanciers. Cette stratégie a provoqué des tensions, les créanciers menaçant de prendre le contrôle d’Altice France en échange de la dette. Le bras de fer entre Drahi et ses créanciers semble donc loin d’être terminé, malgré les efforts entrepris pour alléger la dette d'Altice.

La vente de ses parts dans BT pourrait représenter un souffle d’air pour Patrick Drahi, mais elle ne règle pas l'ensemble des problèmes financiers d'Altice. Alors que les échéances de remboursement approchent, l’avenir du groupe reste incertain, et les négociations avec les créanciers pourraient encore se durcir.