Pékin appelle à l'unité contre les « camps idéologiques »




Le 26 Juin 2024, par François Lapierre

Face à l'imposition de nouvelles surtaxes douanières sur les véhicules électriques chinois par les États-Unis, l'Europe et bientôt le Canada, le Premier ministre chinois, Li Qiang, exhorte les pays occidentaux à rejeter le découplage économique.


Surtaxes douanières : une réponse protectionniste

Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a lancé un appel vibrant aux pays occidentaux pour qu'ils s'opposent au découplage économique, lors de l'ouverture du Forum économique mondial à Dalian. Ce forum, souvent surnommé le « Davos d'été », est un événement majeur où se rassemblent les dirigeants économiques du monde entier pour discuter des enjeux globaux.

« Nous devrions avoir un état d'esprit grand ouvert, travailler en étroite collaboration, abandonner cette idée de former des camps idéologiques et nous opposer au découplage », a déclaré Li Qiang. Il a également souligné l'importance de maintenir la stabilité et le bon fonctionnement des chaînes industrielles et d'approvisionnement, et de déployer des efforts considérables pour soutenir la croissance économique mondiale.

Cette déclaration survient alors que les relations entre la Chine et l'Occident se dégradent, exacerbées par le soutien économique de Pékin à la Russie, les tensions en mer de Chine méridionale et la rivalité technologique avec Washington. Les mesures protectionnistes prises récemment par les États-Unis, l'Union européenne et le Canada, visant spécifiquement les véhicules électriques chinois, accentuent cette détérioration.

Un contexte économique difficile pour la Chine

Avant le Canada, l'Union européenne avait déjà entrepris des démarches similaires. Après près de neuf mois d'enquête, la Commission européenne a accusé Pékin de favoriser illégalement ses constructeurs automobiles. En réponse, l'UE a annoncé sa volonté d'augmenter ses droits de douane sur les importations de voitures électriques chinoises jusqu'à 38% à partir de juillet, une mesure qui pourrait devenir définitive en novembre si aucun accord n'est trouvé avec les autorités chinoises.

Les États-Unis, de leur côté, ont déjà augmenté les droits de douane sur les voitures électriques chinoises, les faisant passer de 25% à 100%, une action qualifiée par la Chine de « gravement préjudiciable » aux relations bilatérales. Pékin voit ces surtaxes comme des mesures « purement protectionnistes » et argue que le succès de son secteur électrique est dû à l'innovation et à des chaînes d'approvisionnement performantes.

Ces mesures protectionnistes arrivent à un moment délicat pour l'économie chinoise, qui souffre d'une baisse significative de la consommation intérieure post-Covid-19. Malgré une croissance de 5,3% au premier trimestre, les chiffres montrent une reprise inégale, avec une production industrielle en hausse mais des ventes de détail encore faibles. Le secteur immobilier continue également de stagner, avec des baisses de prix et de volume de ventes.

L'objectif de Pékin pour 2024 est une croissance du PIB de 5%, l'une des plus faibles depuis les années 1990. Li Qiang a reconnu que cet objectif ne serait pas facile à atteindre, soulignant la nécessité de maintenir le cap de la politique économique et de mobiliser tous les efforts disponibles pour soutenir la croissance.