Report de la revalorisation des retraites pour alléger les finances publiques




Le 3 Octobre 2024, par Aurélien Delacroix

Le gouvernement a annoncé le report de la revalorisation des pensions de retraite, prévue initialement en janvier 2025, à juillet de la même année. Cette décision, justifiée par la nécessité de réduire les dépenses publiques, vise à économiser 3 milliards d’euros. Une mesure qui suscite des réactions mitigées, dans un contexte de ralentissement de l'inflation et de débats sur la gestion des finances publiques.


Un report de six mois pour les pensions de retraite

Les retraités devront attendre jusqu'au 1er juillet 2025 pour bénéficier de la revalorisation de leurs pensions, habituellement appliquée en début d'année. Cette annonce du gouvernement marque un report de six mois de l’ajustement des pensions en fonction de l’inflation. Bien que la prévision d'inflation pour l'année prochaine soit estimée à 1,8 %, aucun chiffre précis sur le montant de la revalorisation n'a encore été communiqué.

Cette décision, présentée comme un simple décalage et non un gel, permettra à l'État de réaliser 3 milliards d'euros d'économies. Le ministère de l’Économie et des Finances précise que ce report vise à redresser les finances publiques, qui traversent une période difficile. « Il n’y a pas de gel des pensions, mais un ajustement dans le calendrier », a tenu à préciser Bercy.

L’impact de cette mesure pourrait néanmoins être significatif pour les retraités, dont le niveau de vie reste en moyenne supérieur à celui des actifs. Toutefois, le gouvernement espère que le reflux de l’inflation rendra ce report moins lourd à supporter.

Cette stratégie s’inscrit dans un plan plus large de réduction des dépenses publiques, en vue de présenter un budget 2025 sous contrôle. Avec un déficit attendu à 6,1 % du PIB en 2024, le gouvernement vise à ramener ce chiffre à 5 % en 2025. Pour y parvenir, plus de 40 milliards d’euros d’économies sont attendus, dont une part importante reposera sur le report de la revalorisation des retraites.

Une revalorisation retardée mais pas abandonnée

Ce choix n’est cependant pas sans susciter des critiques. Certains économistes, tout en reconnaissant la nécessité de contenir les dépenses, estiment que le report de six mois pourrait affecter la confiance des retraités dans la capacité de l'État à protéger leur pouvoir d'achat. Par ailleurs, cette mesure intervient dans un contexte où d’autres réformes sensibles, telles que le décalage de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, sont encore fraîchement perçues par une partie de la population.

L'exécutif a également annoncé qu'aucune autre prestation sociale, comme le RSA ou les allocations familiales, ne serait touchée par ce report, tentant ainsi de limiter les mécontentements.

En parallèle à cette annonce, le gouvernement Barnier a dévoilé d'autres mesures dans son projet de loi de finances pour 2025, incluant la maîtrise des dépenses d’assurance maladie, avec un objectif national de dépenses de santé (Ondam) fixé à 2,8 %. Ce taux, légèrement supérieur à l'inflation attendue (moins de 2 %), constitue un effort considérable dans un secteur où les dépenses ne cessent d'augmenter.

En reportant la revalorisation des retraites, le gouvernement espère éviter des décisions plus drastiques, telles que la sous-indexation des pensions, qui aurait pu générer des économies encore plus importantes mais plus difficilement acceptables. Emmanuel Macron avait fermement écarté cette option, soucieux de ne pas alimenter davantage les tensions sociales à l’approche des élections européennes.