Une « taxe grands voyageurs » pour réduire les émissions du secteur aérien




Le 27 Septembre 2024, par La rédaction

Le Réseau Action Climat propose l’instauration d’une « taxe grands voyageurs » pour pénaliser les utilisateurs fréquents des avions, principalement les plus aisés. Cet outil fiscal pourrait rapporter 2,5 milliards d’euros et contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.


Vers une taxation des voyageurs fréquents

Le Réseau Action Climat (RAC), une fédération d’associations environnementales qui regroupe des organisations telles que WWF, Greenpeace et Les Amis de la Terre, propose la mise en place d'une « taxe grands voyageurs ». Cet impôt viserait spécifiquement les utilisateurs fréquents du transport aérien, souvent issus des classes sociales aisées, afin de réduire les émissions du secteur.

Selon l’étude, l’idée est de faire fonctionner cette taxe à l'inverse des systèmes de fidélité courants dans l'aviation. « Plus un passager prend l’avion, plus le prix unitaire d’un billet augmente », explique Alexis Chailloux, coordinateur du rapport. Cela pénaliserait les voyageurs fréquents, principalement urbains et privilégiés, et viendrait compenser une fiscalité jugée injuste par le RAC. En effet, tandis que les automobilistes paient des taxes sur le carburant et les utilisateurs du train sont taxés sur l’électricité, la taxation sur les billets d’avion reste, selon eux, insuffisante.

Le RAC met en avant le fait que les passagers des classes les plus riches, qui peuvent se permettre de voyager souvent en avion, ont la capacité de supporter une telle taxe. Alexis Chailloux insiste sur l’importance d’un outil fiscal de ce type, d’autant plus que Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, prône une politique de « justice fiscale » et appelle les contribuables les plus fortunés à contribuer davantage pour redresser les finances publiques.

Une réponse à la crise climatique et sociale

Cette taxe, qui pourrait générer 2,5 milliards d’euros, est perçue par le Réseau Action Climat comme un levier pour réduire les émissions de CO2 du secteur aérien de 13,1%. En ciblant les voyageurs réguliers, elle permettrait de limiter l’impact sur les voyageurs occasionnels, tout en contribuant au financement de la relance ferroviaire, un objectif que soutient également le gouvernement.

L’étude du RAC souligne que les alternatives technologiques, comme les carburants de synthèse ou les biocarburants, ne suffiront pas à atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Selon les auteurs du rapport, il est impératif de réduire le trafic aérien, qui représentait en 2019 environ 7% des émissions françaises de CO2.

Outre la taxe, le RAC propose également des mesures plus radicales, telles que l’interdiction des jets privés, la suppression des vols courts ou encore l’instauration d’un quota d’un aller-retour par an et par personne. Ces initiatives visent directement les usagers fréquents et les plus aisés, souvent cités comme les principaux responsables de l’empreinte carbone du secteur aérien. En effet, les 20% des ménages les plus riches représentent à eux seuls 42% des émissions de l’aérien, principalement pour des voyages de loisirs.

Pour le Réseau Action Climat, l’ambition de ce rapport est double : répondre aux défis climatiques tout en intégrant la dimension de justice sociale. Alexis Chailloux explique que « l’injustice fiscale est un des principaux résultats mis en évidence par cette étude ». Le transport aérien, largement utilisé par une minorité de la population aisée, nécessite, selon lui, une redistribution de l’effort financier.