Vers une sortie de la Bourse pour Ubisoft ?




Le 7 Octobre 2024, par Aurélien Delacroix

Le géant chinois Tencent et la famille Guillemot réfléchissent à une stratégie pour l'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft. Alors que la société traverse des turbulences financières, les deux parties envisagent un rachat qui pourrait conduire à une sortie d'Ubisoft de la Bourse. Cette initiative marquerait un tournant décisif pour l’entreprise.


Une action en chute… puis une hausse spectaculaire

Vendredi 4 octobre, l'action Ubisoft a clôturé avec une hausse impressionnante de 33 % à la Bourse de Paris, portée par des rumeurs de rachat. Selon des informations rapportées par l’agence Bloomberg, Tencent et la famille Guillemot, qui détiennent à eux deux environ 25 % du capital de l'entreprise, envisagent de sortir Ubisoft de la Bourse. Cette opération, si elle se confirme, pourrait signifier une réorientation stratégique majeure pour l'éditeur, malmené ces derniers mois par des résultats financiers décevants et des retards dans ses sorties de jeux.

Les spéculations concernant un éventuel rachat surviennent après une année difficile pour Ubisoft. Avant cette remontée en flèche, l'action du groupe avait chuté de 50 % en l’espace de douze mois, conséquence de lancements de jeux en demi-teinte et d’ajournements répétés, notamment celui du dernier volet d'« Assassin's Creed », repoussé à février 2025. Parallèlement, les ventes de titres récents comme « Avatar: Frontiers of Pandora » et « Star Wars: Outlaws » ont été bien en deçà des attentes. Les analystes de la Deutsche Bank prévoient d’ailleurs une baisse de 16 % du chiffre d’affaires pour l’exercice 2024-2025.

Ubisoft, qui compte 21.000 salariés dans le monde, est critiqué pour ne pas avoir su ajuster son modèle économique face aux évolutions rapides du secteur. Yves Guillemot, directeur général et cofondateur, a reconnu récemment « la nécessité d'une plus grande efficacité » afin de satisfaire à la fois les actionnaires et les joueurs.

Quel avenir pour Ubisoft ?

La situation d'Ubisoft est d'autant plus complexe qu'elle ne se limite pas aux seuls aspects financiers. L'éditeur fait également face à des tensions sociales croissantes. Des syndicats ont appelé à une grève de trois jours à partir du 15 octobre, dénonçant une politique de retour au bureau jugée trop stricte. Ce mécontentement s'ajoute aux polémiques sur la culture d'entreprise toxique qui avaient déjà éclaté en 2020, avec des accusations de harcèlement dans les rangs de la direction. Ces critiques internes et externes font peser une pression accrue sur la direction d’Ubisoft, laquelle doit maintenant trouver des solutions rapides et efficaces pour redresser la barre.

Tencent, déjà actionnaire à hauteur de 10 % d'Ubisoft, et la famille Guillemot, qui détient 15 % du capital, semblent donc prêts à prendre les rênes de cette réorganisation nécessaire. Si l’option du rachat aboutit, elle s’inscrirait dans un contexte de consolidation de l’industrie vidéoludique, dominée par le récent rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour un montant record de 69 milliards de dollars.

Bien que les détails de l'opération restent à préciser, cette nouvelle stratégie pourrait offrir à Ubisoft l'occasion de retrouver son dynamisme. Le groupe n’est pas à court d’atouts, avec notamment un catalogue de jeux fructueux, dont des titres comme « Assassin’s Creed » continuent à générer des revenus significatifs plusieurs années après leur sortie. De plus, Ubisoft travaille sur une adaptation en série de ce jeu à succès avec Netflix, un projet qui pourrait attirer un large public.