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L’Internet Research Agency : l’usine des trolls et de la cyberinfluence, l’outil de manipulation de l’opinion du Kremlin





Le 29 Avril 2024, par La Rédaction

Dans le monde numérique d’aujourd’hui, l’information est à portée de main. Mais qu’en est-il de la désinformation ? Plongeons dans le monde mystérieux de l’Internet Research Agency (IRA), une organisation connue pour sa propagation de fausses informations et sa capacité à manipuler l’opinion dans les démocraties occidentales par le biais des réseaux sociaux.


I L’IRA : Un acteur majeur de la désinformation
 
L’Internet Research Agency, basée à Saint-Pétersbourg, est connue pour ses opérations d’influence en ligne pour le compte du gouvernement russe. L’IRA mène des campagnes de trolling pour influencer les valeurs, croyances, perceptions, émotions, raisonnements et comportements de communautés ciblées en utilisant de faux comptes sur les plus grands réseaux sociaux, journaux en ligne, forums de discussion pour promouvoir la propagande du Kremlin et de ses alliés, et dénigrer leurs adversaires.
 
En 2016, Facebook a relié 80 000 publications à l’IRA à travers plus de 470 comptes différents. Un total de 50 258 comptes Twitter ont parallèlement été reliés à des bots russes pendant la période électorale de 2016. Les bots sont responsables de plus de 3,8 millions de tweets, soit environ 19 % du total des tweets concernant l’élection présidentielle américaine de 2016.
 
II Liste (non exhaustive) d’exemples d’action imputées à l’IRA
 
L’IRA sert la propagande et les intérêts du gouvernement russe en promouvant son idéologie, et en dénigrant ses opposant. De plus, elle a participé à des manipulations de l’opinion publique à grande échelle dans des démocraties occidentales.
 
L’IRA a par exemple cherché à défendre les différentes opérations extérieures russes sur internet, qu’il s’agisse du soutien au séparatistes dans le Donbass, de l’annexion de la Crimée, ou même plus récemment, de la guerre en Ukraine.
 
Aussi, elle a cherché à discréditer les principaux opposants « intérieurs » au président Poutine, au premier rang desquels, feu l’opposant Alexei Navalny. Cela passait par des campagnes sur les réseaux sociaux (VKontakt en Russie par exemple) et dans les commentaires de ses vidéos.
 
Ces actions ne concernent pas que les opposants internes à la Russie, mais aussi ceux s’opposant aux intérêts du gouvernement russe sur la scène internationale. On peut par exemple noter des campagnes de désinformation sur le président français Emmanuel Macron et la présence française en Afrique. Cela intervient à une période où la Russie cherche justement assoir son influence sur le continent en offrant la protection des mercenaires du groupe Wagner à de nombreux dirigeants africains (Mali et Centrafrique notamment, lieus des OPEX françaises Barkhane et Sangaris).
 
De plus, l’IRA a chercher à manipuler massivement l’opinion sur des sujets politiques dans des démocraties occidentales (ingérence dans l’élection américaine de 2016, influence supposée sur le vote du Brexit etc.), mais aussi en participant à la structuration et la prolifération de théories du complot (participation possible au mouvement Qanon). Enfin, l’IRA a parfois cherché à déstabiliser l’opinion publique sans qu’un but précis ou cohérent ne soit vraiment affiché, comme cela a par exemple été vu avec l’affaire du #columbianchemicals, où l’IRA aurait participé à inventer de toutes pièces une attaque chimique perpétrée par un groupe terroriste en Louisianne, et contribué à la propagation de ce canular sur les réseaux sociaux.
 
III Cas concret : L’IRA et les élections américaines
 
L’un des exemples les plus notables de l’activité de l’IRA est son implication présumée dans l’élection présidentielle américaine de 2016. L’organisation a été accusée d’avoir utilisé des tactiques de désinformation pour influencer l’opinion publique en faveur de Donald Trump. Notamment en décrédibilisant son adversaire Hillary Clinton, en répandant des théories du complots sur elle, et en donnant une image de messie à Trump.
 
Le rapport Mueller publié en 2019 a établi avec certitude que “le gouvernement russe a interféré dans l’élection présidentielle de 2016 de façon généralisée et systématique”. L’objectif de la Russie était, selon ce document, de miner la confiance des Américains en leur système électoral et de dénigrer Hillary Clinton. Toutefois, le rapport n’a pas prouvé de collusion entre les équipes de campagne du candidat Trump et les auteurs de cette ingérence.
 
Les bots de l’IRA utilisaient majoritairement les hashtags #donaldtrump, #trump2016, #neverhillary, #trumppence16 et #trump.
 
De plus, l’agence sait tirer profit des algorithmes des réseaux sociaux et différents canaux d’information pour accroître le potentiel de ses campagnes de manipulation. En effet, comme cela est montré dans le documentaire « derrière nos écrans de fumée », ces algorithmes participent à la polarisation de nos opinions. L’influence des trolls et bots de l’IRA n’en est alors que démultipliée
 
IV Conclusion
 
Alors que nous naviguons dans l’ère numérique, il est essentiel de rester vigilant face à la menace de la désinformation. L’Internet Research Agency n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la manière dont les acteurs malveillants peuvent utiliser la technologie pour semer la discorde et la confusion, et nous manipuler.
 
Sources :
Wikipedia - Internet Research Agency
The New York Times - The Plot to Subvert an Election: Unraveling the Russia Story So Far
The Washington Post - The Cybersecurity 202: Here’s how Russia’s disinformation strategy actually works
The Guardian - The disinformation age: a revolution in propaganda
BBC - The tactics of a Russian troll farm


Intelligence économique



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