Le climat des affaires en chute libre

Le climat des affaires en France a connu une chute notable en juillet, plongeant de 5 points pour atteindre 94, selon les données publiées ce jeudi par l'Insee. Il s'agit du niveau le plus bas observé depuis février 2021, une période marquée par la crise du Covid-19. Cette baisse significative témoigne d'un moral en berne chez les chefs d'entreprise français.

L'enquête de l'Insee, réalisée entre le 27 juin et le 21 juillet, a principalement capté les impressions avant le second tour des élections législatives du 7 juillet. Les résultats montrent un pessimisme accru dans plusieurs secteurs clés de l'économie. Dans l'industrie, l'indicateur chute de 5 points, atteignant 95. Le secteur des services n'est pas épargné avec une baisse de 4 points, tandis que le commerce de détail subit une diminution similaire. Seule la construction résiste mieux avec un repli plus modeste de 1 point.

Cette dégradation du climat des affaires s'inscrit dans un contexte politique et économique incertain. La dissolution surprise de l'Assemblée nationale a généré des inquiétudes parmi les entreprises, freinant le regain de confiance observé au printemps. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, souligne que « la dissolution a créé de l'incertitude. L'incertitude n'est jamais bonne pour l'économie. Beaucoup d'entreprises hésitent et attendent de savoir quels seront les résultats politiques ».

Les difficultés ne se limitent pas aux frontières françaises. La croissance plus faible que prévu dans la zone euro, le ralentissement de l'économie chinoise et les risques liés aux élections américaines accentuent les inquiétudes. Dans ce contexte, le solde d'opinion associé au niveau des carnets de commandes étrangers se détériore nettement, atteignant son plus bas niveau depuis mai 2021, selon l'Insee.

La détérioration du climat des affaires se répercute naturellement sur l'emploi. L'indicateur du climat de l'emploi diminue de 4 points, atteignant 96. Patrick Martin, président du Medef, rappelle sur Franceinfo que « l'économie a besoin de visibilité, de stabilité ». Pour l'heure, l'absence de majorité claire à l'Assemblée nationale après le second tour des législatives contribue à l'incertitude ambiante, gelant les investissements et les embauches. François Asselin, président de la CMPE, anticipe même une perte d'un trimestre de croissance pour la France dans ce contexte.

Avant cette crise politique, les perspectives économiques semblaient plus favorables. L'Insee prévoyait une croissance du PIB de 1,1 % pour l'année, soutenue par les Jeux olympiques de Paris et la création de 55.000 emplois au second semestre. Cependant, la dissolution de l'Assemblée nationale et la réorganisation politique qui en découle ont modifié ces prévisions. La banque Goldman Sachs a déjà réduit de 0,1 point ses prévisions de croissance pour la France au quatrième trimestre 2024 et au premier trimestre 2025.