Le Brésil suspend X (Twitter)

Le 30 août, Alexandre de Moraes, juge au Tribunal suprême fédéral du Brésil, a ordonné la suspension immédiate du réseau social X sur l'ensemble du territoire brésilien. Cette décision, exécutée en seulement 24 heures, vise à contrer la prolifération de fausses informations, particulièrement en période électorale. Le juge, connu pour son rôle de premier plan dans la lutte contre la désinformation au Brésil, a justifié ce blocage par l'inaction répétée de la plateforme face aux ordonnances judiciaires.

Depuis plusieurs mois, Alexandre de Moraes tente de faire fermer des comptes diffusant de la désinformation, notamment ceux liés à des partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Ces actions s'inscrivent dans le cadre des enquêtes concernant la tentative de coup d'État de 2023, au cours de laquelle des milliers de manifestants bolsonaristes ont envahi les institutions de Brasilia. Le magistrat, déterminé à réprimer ces « milices numériques », avait déjà imposé des amendes à X pour ne pas avoir respecté ses ordres de suppression de comptes problématiques.

Elon Musk, propriétaire de X depuis son rachat en 2022, a vivement critiqué ces mesures, dénonçant une « censure » et refusant de se conformer aux injonctions du juge. Le conflit a atteint son paroxysme lorsque Moraes a gelé les avoirs de Starlink, une autre entreprise de Musk, afin de récupérer les amendes impayées par X. Face à cette escalade, Musk a fermé les bureaux de X au Brésil, mais a maintenu le service actif jusqu'à l'ultimatum du juge.

Le blocage de X au Brésil, bien que radical, n'est pas une première mondiale. D'autres pays, tels que la Chine, l'Iran, ou encore la Russie, ont déjà restreint l'accès à Twitter, devenu X. Toutefois, le Brésil est l'un des premiers pays démocratiques à prendre une telle mesure, marquant ainsi un tournant dans la gestion des réseaux sociaux au niveau global.

La suspension de X au Brésil restera en vigueur tant que la plateforme ne se conformera pas aux exigences de la justice brésilienne. Cela inclut le paiement des amendes imposées et la nomination d'un représentant légal sur le sol brésilien. À ce jour, Elon Musk semble peu enclin à se plier à ces conditions, prolongeant ainsi l'incertitude quant à la durée de ce blocage.

Cette décision intervient dans un contexte politique particulièrement tendu au Brésil, à quelques semaines des élections municipales. Le juge Moraes craint que X ne devienne un terrain fertile pour la polarisation politique et la propagation de fausses informations, des préoccupations qui ont manifestement pesé dans la balance au moment de prononcer la suspension.

Les 22 millions d'utilisateurs de X au Brésil, désormais privés d'accès à leur réseau social favori, se tournent en masse vers d'autres plateformes, comme Bluesky, qui rapporte un afflux soudain d'internautes. Le bras de fer entre Elon Musk et la justice brésilienne, quant à lui, continue de s'intensifier, sans qu'aucune des parties ne semble prête à céder du terrain.