Liquidation de Caddie : fin d'une icône industrielle

Le tribunal judiciaire de Saverne a annoncé la mise en liquidation de l'entreprise Caddie, célèbre fabricant de chariots de supermarché, en raison de l'absence de projet de reprise viable. « Il n'y aura pas de repreneur. On se dirige vers une liquidation dure », a déclaré Pierre Dulmet, avocat du Comité social et économique de l'entreprise, à la sortie de l'audience. La direction prise est déjà claire : Caddie cessera ses activités, laissant 110 salariés sur le carreau.

Deux offres de reprise avaient été déposées fin juin, mais aucune n'a pu aboutir. L'une émanait de l'actuel propriétaire, le groupe Cochez, spécialisé dans le transport et les services industriels. L'autre venait de la société Skade Management, dirigée par Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie. Cependant, le procureur a rejeté l'offre du groupe Cochez, et Dedieu n'a pas présenté les conditions suspensives nécessaires pour son offre. « Le tribunal n'a pas de proposition de reprise à étudier », a précisé Maître Dulmet.

L'émotion était palpable devant le tribunal de Saverne. Pierre Dulmet a tenu à saluer le courage et la détermination des salariés et représentants syndicaux présents : « Vous avez été exemplaires dans ce dossier, vous vous êtes battus à fond, mais quatre redressements judiciaires, c'était un de trop. Le tribunal a dit stop, il y a trop de dettes, pas assez de projets industriels suffisants, et ils arrêtent la casse. »

Caddie, fondée en 1928, est une entreprise emblématique du paysage industriel français. Cependant, depuis 2012, elle a traversé quatre procédures de redressement judiciaire, chaque tentative de relance étant contrecarrée par une situation financière de plus en plus précaire. La dernière en date, le 25 juin dernier, avait permis de mettre en œuvre le mécanisme d'assurance de garantie de salaires (AGS), garantissant le paiement des employés pour une période limitée.

Les offres de reprise rejetées témoignent des difficultés à trouver des solutions viables pour une entreprise aussi endettée. Le groupe Cochez, basé à Valenciennes, n'a pas pu obtenir l'accord du procureur pour présenter son offre, tandis que Stéphane Dedieu, malgré son passé avec Caddie, n'a pas pu satisfaire aux conditions nécessaires pour soumettre sa proposition.

La liquidation de Caddie marque la fin d'une époque pour les 110 salariés restants, qui se retrouvent désormais sans emploi. Cette décision met également en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises industrielles en France, particulièrement celles dont le modèle économique peine à s'adapter aux nouvelles réalités du marché.

Pour ces salariés, l'avenir est désormais incertain. Le tissu économique local devra s'efforcer de proposer des solutions de reconversion ou de nouveaux emplois pour ces travailleurs expérimentés. La fermeture de Caddie est un rappel brutal des difficultés persistantes de l'industrie manufacturière française, confrontée à des enjeux économiques et structurels majeurs.